Samedi 9 octobre 2010 à 15:10

Vendredi, une journée comme toutes les autres. Planifiée à la minute près, toute en course. 
Mais c'est difficile de courir avec un poids au coeur et aux jambes. Avec un gros rhume en plus.

Cours le matin, repas rapide, rencontre avec ma correspondante allemande, cours de piano, rencontre avec ma correspondante russe qui n'est pas venue, médiathèque, révisions, passage chez les grands-parents, basket, retour maison, dodo.
Une journée planifiée de 9h à 22h, sans moments pour respirer.

Et là, mon frère m'appelle. Il faisait du vélo, sa chaîne a lâché dans un village près de ma fac. Il demande si je peux le ramener, si je peux venir l'aider.

Ce village où sont nés mes grands-parents. Ce village où on allait se promener quand on était petits, pour les balades dominicales.
Ce village coincé dans les vignes. 
Ce village où le cimetière et la petite chapelle offrent un panorama magnifique sur toute la plaine.

Je t'ai trouvé dans le cimetière, devant la tombe de nos ancêtres.
On s'est posé devant la chapelle, on a parlé vélo, soleil et arbre généalogique.
Il faisait beau, il n'y avait personne, à part deux petits vieux qui prenaient le soleil. On entendait les oiseaux.
On a attendu que les petits vieux partent, et on est allé cueillir des restes de raisins que les vendangeurs ont oublié. 
On a mangé nos grains de raisins en regardant le paysage. Silencieux, réchauffés par le soleil.
Puis on a essayé de faire rentrer le vélo dans le coffre, en faisant sortir les coccinelles qui en ont profité pour rentrer dans la voiture.
On est reparti, et on a fait le trajet que tu avais fait en vélo, et tu m'as fait le compte-rendu de ton épopée, les endroits où tu t'étais arrêté, le lavoir où tu avais gouté, les petits chemins que tu avais pris, les passants que tu avais croisé, dans ces petits villages charmants qui entourent la ville.

Et c'est vraiment con, mais ce changement tout bête, ce truc insignifiant, cette petite aventure sans prétention, et ben ça m'a fait du bien.
De revenir dans cet endroit où se promènent les fantômes de la famille, de se laisser réchauffer par le soleil en mangeant du raisin, et de t'écouter, tout fier de ton épopée, ça vaut tout l'or du monde.

C'est à ce type de petit bonheur qu'il faut s'accrocher.

Samedi 9 octobre 2010 à 14:56

Tu me fascines tu sais

Tu es adorable, gentille, dynamique, souriante, totalement barrée, tout ce que j'aime chez une amie !
L'année dernière quand j'ai vu que tu n'allais pas bien, je me suis improvisée oreille attentive, soutien psychologique. Parce que c'est ma nature et que j'aime rendre service aux gens. Je ne supporte pas de voir des gens malheureux, donc j'ai accepté de te suivre dans ton malaise, de t'épauler.
Et pourtant, dieu sait que le morceau était gros à porter ... Même à deux, c'était quand même très lourd.

Quand à mon tour j'ai eu des déconvenues avec la vie, tu étais là, prête à me rendre la pareille. C'est toi qui m'a accueilli chez toi les soirs où les larmes sortaient d'elles-mêmes, c'est toi qui m'a parlé, qui m'a écouté, qui m'a dit que la vie est comme ça, mais que la douleur passe, et qu'un jour, bientôt, tout ira mieux.

Et effectivement, ce jour est arrivé. Et tout est reparti.

Seulement, depuis que mon malaise de début d'année est passé, j'ai ouvert les yeux. J'ai pris conscience de beaucoup de choses.
Tu es quelqu'un de vraiment super, et je t'aimais beaucoup, mais maintenant, je suis désolée de le dire, je ne te supporte plus.

Parce que tu ne parles que de toi.

Parce que tu répètes toujours la même chose, et tu ne t'en rends même pas compte.

Parce que tu es une anxieuse sur pattes, et quand tout va bien pour toi, tu ne peux pas t'empêcher de t'amener du stress. Tu ne sais pas vivre sans stress. En stressant de surcoit les gens autour de toi.

Parce que maintenant que je t'ai tenu la main au début, tu imagines que je suis une oreille prête à écouter 24h sur 24.

J'ai l'impression que tu me vois uniquement comme ça, et je sais que tu ne t'en rends pas compte. 
C'est triste.

Et depuis quelques temps, ça ne va pas, mais tu ne vois rien.
Je suis venue te voir pendant les vacances, je n'allais pas bien, et pendant 2h tu m'as parlé de la peur de ton déménagement, de la peur de ton futur, de la peur de ton mémoire, de la peur constante dans laquelle tu vis. Et tu ne m'as pas demandé UNE FOIS si je passais de bonnes vacances. Parce que si tu me l'avais demandé, ma chère, je pense que j'aurai éclaté en sanglots. Mais non, tu n'as rien vu, rien d'autre que ton nombril.

Et jeudi, à la BU, je suis désolée mais je n'en pouvais plus. Je n'en peux plus de tes états d'âme, de ton stress, de tes problèmes. Moi aussi j'en ai, on en a tous. 
Je suis désolée pour ton amie qui a un cancer, pour laquelle tu t'inquiètes. Je suis désolée de te savoir triste, stressée, en proie à des angoisses.
Mais maintenant, je n'ai plus les épaules assez larges pour supporter tous tes soucis. C'est peut être égoïste, mais je ne peux pas t'aider. Je n'en peux plus.
Je m'effondre déjà sous mes propres soucis.
Quand je pense qu'il t'a quand même fallu plus d'une demi-heure pour que tu te rendes compte que cette conversation me faisait du mal.
Et encore, maintenant, tu crois que j'ai peur d'avoir un cancer à la thyroïde. T'es vraiment fascinante comme fille. Alors je crois que je vais te laisser croire ce que tu veux, comme ça peut être que tu arrêteras de me parler de tout ça. C'est toujours ça de "gagné".

Laisse-moi tranquille, s'il te plait.
Lâche-moi, oublie-moi.
Oui, tu m'as beaucoup aidé autrefois, mais là tu me fais plus de mal qu'autre chose.
Et je ne peux même pas t'en parler, car si je fais ça, toute la promo sera au courant demain que je vais mal. Et ça, ça serait pire que tout.

Samedi 9 octobre 2010 à 14:40

Je ne veux pas être dépressive ... mais depuis quelques temps, je me demande si je n'y plonge pas la tête la première. Je ne sais pas si je suis juste en train de déprimer, ou si je m'enfonce dans la dépression

Fatiguée en permanence, je soupire tout le temps, j'ai l'impression de me trainer, d'avancer dans la vie avec un boulet aux pieds. Tout est difficile, tout est une épreuve ...
Tout me blase, tout me navre ...
Tout ce qui auparavant me faisait sourire ne marche plus ... Plus envie de lire, plus envie de sortir, plus envie de rédiger mon mémoire, plus envie de manger, plus envie d'écouter de la musique ...
L'impression de planer
Le seul moment ou je me sens bien, c'est quand je fais du sport. La tête vide, où je ne pense qu'à jouer, qu'à courir et marquer ...
Envie de pleurer devant le journal télé, devant un film bidon, devant une pub, devant un Disney, devant mes amis.
Un rien m'affecte.
Ca m'horrifie, mais mes amis me soulent ... Envie de rester seule.
Et fatiguée de le cacher aux gens, de sourire en permanence ...

Cet état, passager autrefois, j'ai l'impression qu'il revient de plus en plus souvent ...

Mais je refuse de me laisser aller ... enfin, je ne veux pas me laisser aller ... J'essaie quoi
J'ai trop vu de vies foutues par la dépression, j'ai trop vu de gens qui bousillaient leurs vies pour rien.
Je m'accroche. Je me demande si je ne devrais pas aller voir un psy, et puis non, je refuse. Allez voir un psy, c'est pour les gens vraiment au fond du gouffre. Moi je vais essayer de m'en sortir toute seule. Et je me dis que si je réfléchis encore à ça, c'est que la situation n'est pas si désespérée.

Et pis, d'après mes derniers exams, cet état est sûrement la cause de ma thyroïde. Et je ne veux pas me laisser emmerder par une glande de merde qui a décidé de tout gâcher.

Je veux retrouver mon innocence, ma pêche, mes espoirs, ma curiosité.
Il faut que j'y arrive.
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